Cupidon et compagnie
Spectacle d'humour en 8 tableaux
2 hommes, 1 femme
(adaptable en distribution variable)
85 minutes
éléments de décor
Cupidon et compagnie est prévu pour deux hommes et une femme. Il peut donc intéresser des jeunes compagnies professionnelles désireuses de monter un spectacle très drôle, avec beaucoup de personnages différents pour chaque comédien. Mais il est aussi possible de l'adapter pour des troupes amateurs souhaitant faire jouer plus d'acteurs. Et les sketches de Cupidon fournissent une matière formidablement riche pour les ateliers théâtre adultes ou adolescents.
Huit tableaux décalés, loufoques, burlesques, avec parfois un brin de poésie, permettent de revisiter quelques uns des plus grands mythes amoureux. Cupidon, Adam et Eve, Pénélope et Ulysse, Roméo et Juliette, Cyrano et Roxane, Paul et Virginie, Tarzan et Jane, la Belle au bois dormant : tous se retrouvent modernisés dans des situations étonnantes où l'on rencontre souvent la saveur du pastiche au détour des répliques. Les amoureux se contrarient, les spectateurs par contre rient ! Et comme l'avoue Cupidon en conclusion :
Sale période pour l'amour !
Ça ne rime plus bien avec toujours...
C'est une valeur qui se déprécie.
Si je veux garder mon boulot,
il va falloir que je négocie
avec le Patron, là-haut.
A moins que je postule
dans le secteur des finances.
Je serai peut-être moins ridicule
avec une corne d'abondance.
En promettant beaucoup d'argent,
je serai mieux accueilli par les gens...
Il me faudra changer de nom,
mais ça au moins ce sera rapide :
au lieu de Cupidon,
je serai simplement...Cupide !
Extrait...
Le prince charmant
Une femme est allongée, endormie. Elle a une robe blanche et tient une rose sur son cœur. On entend la musique de la chanson : « Un jour mon prince viendra… » Deux hommes entrent. Chacun porte une veste kaki, une gibecière et un fusil en bandoulière.
L’un - (Il appelle sèchement :) Rex !… Rex !… Où qu’il est passé, ce con là ?
L’autre - (découvrant la femme) Chut !…
L’un - Rex !!!
L’autre - Ta gueule, Gilbert !
L’un - Quoi ? (L’autre lui montre la femme. Un temps. Tous deux s’interrogent sur cette présence insolite.) Tu connais ?
L’autre - La belle au bois dormant.
L’un - C’est ça. Et les sept nains sont planqués dans les fourrés ?
L’autre - J’ai dit « la belle au bois dormant », pas Blanche-Neige.
L’un - Pareil.
L’autre - Qu’est-ce qu’on fait ?
L’un - Reste naturel. Doit y avoir ce con de Roger quelque part avec son caméscope.
L’autre - M’étonnerait. Ça lui ressemble pas, ce genre de gag. Lui c’est peau de banane tarte à la crème.
L’un - (inquiet tout de même) Hé, René, tu verrais pas qu’elle soit morte ?
L’autre - Non, c’est comme un coma…
L’un - Comment ?
L’autre - Elle est dans le coma. Depuis des centaines d’années sans doute. Mais c’est pas un coma classique, style chambre d’hosto, branché de partout, et si tu en sors tu es moitié légume, tu mets un temps fou à t’en remettre. Non, là, pour guérir, il suffit d’un prince charmant qui l’embrasse, et paf, la belle ouvre les yeux en souriant et cinq minutes après elle fait le tour de la clairière en dansant, avant de partir à cheval.
L’un - Rien que ça !
L’autre - Ouais. On croit que ça n’existe que dans les livres, mais…
L’un - René, le Pastis, même à bonne dose, ça fait pas halluciner ?…
L’autre - Non. Ça fait juste rater les lièvres. Dans le pire des cas, ça fait dégommer les chiens.
L’un - Pourtant c’est des conneries, cette histoire !
L’autre - Pas sûr…
L’un - Un prince charmant, un baiser, et zou, à cheval ?
L’autre - Il paraît.
L’un - Et si moi je vais l’embrasser, dans un quart d’heure elle monte dans la Kangoo ?
L’autre - Non.
L’un - Pourquoi ?
L’autre - Parce qu’après, faudrait vivre heureux et avoir beaucoup d’enfants. Et ça, Maryvonne, elle sera pas d’accord.
L’un - Essaie, toi. T’es pas marié. L’autre hésite, un peu angoissé. Ben quoi, t’as peur qu’elle crie au viol ?
L’autre - Non, mais…
L’un - Tout ce que tu risques, c’est qu’elle se réveille pas. Ou qu’elle retombe dans les pommes en voyant ta tête.
L’autre - T’es con.
L’un - Allez, vas-y ! (Emphatique :) Pour une fois qu’une femme espère tes baisers…
L’autre - (Il pose son fusil et va lentement près de la belle.) Arrête… Va donc chercher ton chien.
L’un - Ah non, je veux pas rater ça. La légende dit que si c’est pas un prince charmant qui embrasse, le gars il est changé en crapaud.
L’autre - T’es con, Gilbert.
L’un - T’inquiète. Je te tirerai pas dessus. (L’autre finit par se décider à poser une petite bise rapide sur le coin des lèvres de la belle, qui ne réagit pas.) C’est quoi, ce baiser de papillon ? Mieux que ça, René ! Elle sent le camembert, ou quoi ?
L’autre - Non. Mais je vais pas non plus lui pincer le nez et lui souffler dans les bronches !
L’un - Presque. Ce serait pas choquant : le prince charmant, dans l’histoire, il a quand même un côté secouriste. (L’autre pose enfin ses lèvres sur celles de la belle, et reste collé quelques secondes.) Ça fait ventouse ? (L’autre se relève.) Je voyais le coup que non seulement elle se réveille pas, mais en plus toi tu t’endors aussi !
L’autre - (voyant la belle toujours endormie) Elle a le sommeil lourd.
L’un - Tu sais pas embrasser ! Laisse, je vais essayer.
L’autre - (s’interposant) Je le dirai à Maryvonne !
L’un - Bon, alors on ne va pas rester là cent sept ans ! Au lieu de lui rouler des patins, on lui tire un coup de fusil au ras des oreilles, et si ça la réveille pas, on appelle SOS Médecins !
L’autre - Tu es vachement poète, Gilbert.
L’un - Peut-être pas, mais j’ai le sens pratique !… (L’autre embrasse encore la belle.) René, là, tu profites !
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